Édition du vendredi 16 novembre 2001
Jean-Pierre Chevènement estime que le Parlement peut très bien modifier le délai de trois ans au-delà duquel on ne peut plus modifier un périmètre intercommunal
Dans un entretien accordé au mensuel « Intercommunalité » (repris sur le site www.intercommunalites.com), édité par lAssemblée des communautés de France (ADCF), Jean-Pierre Chevènement tire, à travers la consultation nationale des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) lancée l'été dernier par l'ADCF, son propre bilan de la loi qui porte son nom.
Dans cet entretien, le président de la communauté dagglomération belfortaine estime que « lesprit et la lettre de la réforme sont respectés, tout simplement parce que cest une loi de décentralisation. Son succès prouve dailleurs que notre système a une grande capacité à sauto- réformer : une vraie réforme fiscale mettant fin à des concurrences stériles, la mise en uvre de compétences stratégiques et de solidarités à léchelle pertinente. Cest luvre commune des élus et de préfets, sans quil soit besoin de je ne sais quelle réforme constitutionnelle ».
Quant à lextension autoritaire des périmètres intercommunaux, il juge quavec « 40 millions dhabitants déjà regroupés, il ne reste quun tiers du chemin à parcourir. La loi a confié aux préfets les pouvoirs de convaincre les récalcitrants et datténuer les égoïsmes ; mais nous avons le temps et le Parlement peut très bien modifier le délai de trois ans au-delà duquel on ne peut plus modifier le périmètre ».
Pour lancien ministre de lIntérieur, « lintercommunalité nest pas la supracommunalité et il ne sagit pas de créer un nouvel échelon administratif. Loriginalité de la France en Europe nest pas dans lexistence de trois niveaux dadministration mais dans celle de 36 700 communes. La France ne souffre pas dun trop plein de services mais dune insuffisante clarification des rôles et des compétences qui, outre un léger surcoût fiscal, rend les enjeux parfois incompréhensibles aux citoyens ».
Sur le plan des ressources financières, il estime que « nos techniciens des finances locales ont trop davance. Avec lintégration de la compensation de la part salaires de la taxe professionnelle (TP) et dautres dotations, la dotation globale de fonctionnement peut atteindre 200 milliards de francs en 2003. Cela donnera des marges de manuvre pour peu quon parvienne à dépasser les intérêts catégoriels de toutes sortes. Jespère que la TP sera définitivement sauvée grâce à sa mutualisation et à lunification progressive des taux. Mais elle peut encore être améliorée en intégrant à son assiette des éléments du résultat des entreprises, ventilés par établissement ».
Quant à la spécialisation fiscale, dont il ne rejette pas le principe, Jean-Pierre Chevènement pense que « lÉtat pourrait céder aux régions une part de la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers). Pour les autres niveaux, il explique : "Je reste partisan de la responsabilité fiscale mais sur des impôts réformés. Il faut alléger et rendre plus juste la taxe dhabitation en osant procéder même lentement à la révision des valeurs locatives, en confiant de nouveaux pouvoirs dabattement aux élus et en supprimant sa part départementale, remplacée par une taxe départementale sur tous les revenus, légère et très simple ».
Enfin, sur la question du passage au suffrage universel des présidents dEPCI, il rappelle que « la révolution intercommunale ne vaut pas disparition des communes puisquelle vise au contraire à leur survie. De mon point de vue, lélection au suffrage universel des délégués des communes devra préserver ces dernières, sur des listes et des circonscriptions communales, au moment des élections municipales. Il reste plus de six ans et la précipitation serait mauvaise conseillère ».
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